Cette envolée des prix n’est pas anodine. Vitogaz, principal distributeur du pays, justifie cette hausse par un cocktail explosif : l’euro qui tutoie les 5.000 ariary, un fret maritime en hausse constante - de 380 à 460 dollars la tonne - et une TVA revue à la hausse, passée à 10 % en mars dernier au lieu des 5 % prévus en janvier dans la loi de Finances 2025. « On savait que ça allait finir par nous tomber dessus, et voilà que ça arrive ! », soupire Lala, mère de trois enfants habitant aux 67 Ha. Et de rajouter : « Le riz coûte déjà très cher, et maintenant c’est au tour du gaz ! (...) Comment on va faire ? ».
Amortissement
Il y a à peine quelques mois, Vitogaz tentait encore de calmer le jeu, en n’appliquant l’augmentation de la TVA que sur les bouteilles de 12 kilos et plus. « Lorsque les coûts augmentent, nous faisons de notre mieux pour que l’impact sur les consommateurs soit le moins élevé possible », a affirmé son directeur général, Zo Andriamampianina. Mais cette stratégie d’amortissement n’aura tenu que deux mois. Face à la pression économique internationale et la dépréciation continue de l’ariary, l’entreprise lâche prise. Et ce sont les familles à revenu moyen, justement celles que la mesure voulait épargner, qui encaissent le choc. Pour Harifetra, télé-opérateur, cette nouvelle donne est la goutte d’eau ayant fait déborder le vase : « Je gagne 650.000 ariary par mois. Quand on retire le loyer, les frais de transport, et maintenant le gaz, il me reste quoi ? Rien ! ». Ainsi, en toile de fond, si les hausses de prix sont justifiées sur le papier, la réalité serait que dans les foyers malagasy, ils plus aucune marge de manœuvre. Le gaz est devenu un luxe que beaucoup ne peuvent plus se permettre d’utiliser, et ce malgré le fait qu’écologiquement parlant, il soit bien plus avantageux par rapport à l’utilisation du charbon de bois.